Djamila Bouazza nous a quittés le 12 juin dernier. Nous saluons le combat de cette femme et partageons la tristesse de sa famille et de ses frères et sœurs de lutte.
Il s'agit d'une des 10949 moudjahidates, femmes combattantes pour la libération algérienne. Cette femme fut une grande résistante contre le colonialisme français.
Elle a rejoint le FLN et le réseau de Yacef Saâdi alors qu'elle travaillait aux chèques postaux, pendant la Bataille d'Alger, sous l'influence d'une autre célèbre Djamila : Djamila Bouhired.
Elle est connue pour avoir fait exploser une bombe dans un café à Alger, le Coq Hardy, en janvier 1957, à l'âge de 19 ans. Elle est arrêtée par les Français en avril 1957, torturée et emprisonnée à la prison Al-Harrach, où elle retrouve d'ailleurs Djamila Bouhired, elle aussi arrêtée. Leur procès à toutes les deux, par le Tribunal militaire français, en juillet, conduit à une condamnation à mort. Elle et Djamila Bouhired sont les premières condamnées à mort par le Tribunal. Leur exécution est différée grâce à une campagne médiatique menée par son avocat, maître Vergès et par Georges Arnaud, qui ont signé un manifeste, intitulé Pour Djamila Bouhired, alertant ainsi l’opinion internationale. Verges parle ici du procès des deux Djamila :
Pendant le procès, elle refuse de baisser la tête et dit aux juges : « Vous ne savez rien sur moi ; si je reçois à nouveau le déposer une bombe, je le ferai ».
Elle est finalement graciée en 1962 après les accords d'Evian qui met fin à la colonisation française après des années de lutte de libération.
Elle incarne un symbole de résistance très précieux pour nous : les femmes se sont battues, elles ont été des actrices dans la résistance politique, et nous devons honorer leur mémoire ! L'histoire n'a pas été faite que par des hommes, et il faut faire attention à l'effacement, à l'oubli du rôle que les femmes ont joué, notamment dans la lutte anti-coloniale. Ces luttes éclairent aussi notre présent dans nos luttes contre l'exploitation et la précarité, pour notre libération sociale et économique !
Plusieurs films importants existent pour faire vivre cette mémoire :
- Moudjahidate, réalisé par Alexandra Dols, autour duquel nous avions organisé une projection-débat en juin 2012.
-10949 femmes, réalisé par Nassima Guessoum
Que vive la mémoire de nos luttes pour construire l'avenir des habitants et habitantes des quartiers populaires !