Une date importante pour la mémoire ouvrière et immigrée :
le 17 octobre 1961
Le 17 octobre 1961, le FLN ( Front de Libération Nationale) appelle à une manifestation pacifique dans les rues de Paris pour dénoncer le couvre-feu imposé quelques jours plus tôt, le 5 octobre, aux Algériens (interdiction aux travailleurs algériens de sortir de 20h30 à 5h30, les cafés tenus par des arabes et/ou musulmans doivent fermer à 19h....) Il s'agissait d'une mesure de répression contre la résistance algérienne à Paris, qui s'étendait en réalité à tous les arabes. C'était bien le début d'une longue tradition de la police française, à savoir celle du contrôle au faciès...
Cette manifestation contre ce couvre-feu discriminatoire rassemble environ 30.000 personnes, principalement des ouvriers, dont beaucoup viennent des bidonvilles de banlieue, notamment de Nanterre, et se rendent à Paris pour la première fois, en costume et habits de fête. Les femmes étaient nombreuses à cette manifestation, très engagées dans le combat contre le colonialisme français, que ce soit en France ou en Algérie ! Nous avions publié il y a quelques mois notre hommage à Djamila Bouazza.
Nous avions aussi organisé la projection de Moudjahidate, de Alexandra Dols en mai 2012, film qui retrace les parcours des combattantes algériennes pour l'indépendance.
De Gaulle donne alors le feu vert à Maurice Papon, préfet de police de Paris, pour réprimer cette manifestation pacifiste, qui se termine alors dans un bain de sang. 7000 policiers sont mobilisés, qui procèdent à 11000 arrestations. Des camps de détention sont spécialement mis en place, où les manifestants raflés sont torturés. Au moins 200 manifestants meurent, exécutés ou noyés dans la Seine... pour la seule raison qu'ils manifestaient pacifiquement contre le traitement injuste et inégalitaire qui leur était fait !
Yasmina Adi, avec son documentaire "Ici on noie les Algériens" datant d'Octobre 2011, et marquant ainsi le cinquantième anniversaire de ces tragiques évènements, nous offre le témoignage de survivantes et de survivants aux évènements : https://www.youtube.com/watch?v=XF-1XgUvq9Q&app=desktop
Cette date symbolique du 17 octobre 2015 est importante, afin de commémorer ces morts, victimes de la violence policière et du racisme d'Etat, et dont la mémoire a été sali par le mensonge d'Etat, qui a nié les faits pendant de trop nombreuses années.
Nous rappelons que 2015 marque aussi les 10 ans de la mort de Zyed et Bouna, eux aussi victimes du délit de faciès. Leur mort a été l'étincelle qui a mis le feu au poudre et provoqué les émeutes des quartiers de 2005, où, à nouveau, l'Etat a appliqué le couvre-feu et utilisé la répression violente face à des populations révoltées contre l'injustice de leurs conditions de vie.
De 1961 à 2015, qui marque le non lieu prononcé lors du procès des deux policiers présents au moment de la mort de Zyed et Bouna, c'est la même histoire qui se perpétue :
- l'histoire de la relégation des populations immigrés et ouvrières dans des quartiers où règnent la précarité économique et le mal logement
- l'histoire de la répression des mouvements de contestation populaires contre l'injustice
- l'histoire du discours sécuritaire policier qui ne fait que créer de l'insécurité, qui instaure discrimination et du contrôle au faciès, et qui occulte la vraie insécurité, qui est économique
- l'histoire de l'impunité policière
Il est urgent de de soulever à nouveau contre le racisme qui n'a pas sa place dans nos quartiers, de lutter contre les discours fascistes qui nous contestent notre droit à être ici !
Il est urgent de lutter contre la violence d'Etat, que ce soit la violence policière, ou la violence économique.
Nous dénonçons ce système inégalitaire et ségrégationniste, véritable rouleau compresseur, qui est sans pitié, et dont les premières victimes, dans les quartiers, sont les plus démunis, et donc notamment les femmes.
Nous, Femmes en Lutte 93, en hommage à ces morts du 17 octobre, revendiquons à nouveau le droit des populations des quartiers à manifester pour l'égalité et la justice !
C' est pour toutes ces raisons que nous serons à la Marche de la dignité et contre le racisme du 31 octobre, dès 14h à Barbès !
Et ce samedi 17 octobre 2015, plusieurs rendez-vous :
Nanterre marche contre l'oubli ( d'hier à aujourd'hui), Nanterre à 11h
A l'initiative d'associations de la ville
Rdv dès 11h, Marché du Chemin de l’île RER A Nanterre-Ville
17 octobre 1961-17 octobre 2015 : 54 ème anniversaire, Vérité et Justice, Rassemblement sur le pont Saint-Michel, 17h30, Paris http://paris.demosphere.eu/files/docs/f-5781483aa9-empty-fname.pdf