Pour que les larmes de nos mères deviennent une légende !

« Pour que les larmes de nos mères deviennent une légende ! »

« Il faut rendre compte de la richesse de l’histoire politique dans les quartiers, notamment des femmes et des féministes. Faire ce travail de mémoire est essentiel car se souvenir du passé, c’est éclairer le présent et construire l’avenir. » Femmes en lutte 93

Les femmes immigrées ou descendantes d'immigrées, les femmes des quartiers populaires se sont toujours battues pour la justice et l'égalité des droits pour tous mais aussi en tant que femmes.

Nous récusons l'image des femmes immigrées qui seraient soumises, l'image de femmes qui baissent la tête, et subissent en silence le machisme. Machisme qui serait l'apanage des hommes des quartiers, comme si le patriarcat n'était pas partout dans cette société, comme si les hommes de la bourgeoisie n'étaient pas violents, machistes et dominants. 

Nous n'avons pas attendu Ni Putes Ni Soumises, et la construction médiatique des garçons de cité comme incarnation absolue du machisme, pour résister à la domination patriarcale et porter des revendications féministes. 

Les femmes immigrées et des quartiers se sont battues et se battent, au quotidien. Dans les maisons de quartiers par exemple, les femmes s'organisent, s'entraident, sont solidaires et organisent des stratégies de résistance au patriarcat.

Nous n'avons pas attendues d'être sauvées de l'extérieur pour revendiquer le droit de disposer de nos corps, que ce soit pour le dévoiler ou le voiler, pour revendiquer le droit à une sexualité choisie, dans le mariage ou non, hétérosexuelle ou homosexuelle.

Affirmer nos revendications féministes ne nous empêchent pas de lutter aux côtés des hommes dans nos combats communs pour la justice sociale. Car en tant que femmes, nous avons des difficultés propres et des combats de femmes pour les femmes à mener !

Tous les moyens d'expression sont bons pour faire entendre nos luttes des femmes. Le théâtre en est un bon exemple. Nous même à Femmes en lutte 93, nous utilisons l'expression artistique populaire pour faire entendre les voix des femmes exploitées, sans papiers, des quartiers ! C'est une tradition importante dans l'histoire de l'immigration de mettre la culture au service de nos luttes.

Par exemple, en 1975, une  troupe de théâtre constituée de femmes et d' hommes des quartiers populaires et de l'immigration voit le jour : " la Kahina", du nom de la résistante berbère. Leur première pièce met en scène des thèmes féministes.

 « Pour que les larmes de nos mères deviennent une légende » aborde les traditions et les violences qui pèsent sur les femmes arabes immigrées , coutumes et pratiques contre lesquelles elles se battent avec dignité contre : la femme reléguée à la maison-cuisine malgré son combat pour l’indépendance de son pays, le mariage forcé, le viol de la nuit de noce légalisé, les relations Homme-Femme, la loi du statut personnel en vigueur en Algérie et reconnue en France, sa situation de femme “immigrée“. Leur seconde pièce, « La famille Bendjelloul, en France depuis 25 ans » (1980) parle de la vie quotidienne d'une famille ouvrière et immigrée en France.

Les membres de La Kahina sont à l'origine de l'Association Nouvelle Génération Immigré à Aubervilliers dans les années 80, une des premières associations de l'immigration à offrir un foyer d’accueil d'urgence pour les femmes. Certains de ses membres,dont Salika Amara, ont été acteurs dans l'organisation de l'accueil en Ile de France de la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983.

Salika est encore militante. Dans le cadre de son engagement, elle recrée une troupe de théâtre qui devient La Kahina & Cie.

Cette troupe intergénérationnelle, en 2014, met en place, une nouvelle pièce écrite après les révoltes de 2005, « Responsable mais non coupable ». Elle met en scène la transmission intergénérationnelle de l'histoire de l'immigration et des quartiers populaires.

Le lien PDF de présentation de la Kahina et ses différents projets ici :

http://paris.demosphere.eu/files/docs/f-aa149bbf69-empty-fname.pdf

Ce travail réalisé sur Créteil se fait au nom de l'association  Fils et Filles de la République, en lien avec le Collectif des femmes des quartiers populaires du 94, tous deux signataires de la marche de la dignité et contre le racisme qui aura lieu le 31 octobre !

Nous serons aussi à cette marche ! Rejoignez notre cortège !

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