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La honte doit changer de camp : prenons la parole contre les violences sexistes en milieu militant !
C. et tous les agresseurs et harceleurs sexistes :
hors  de nos vies et de nos milieux militants !

Plusieurs de nos camarades et amies militantes, féministes notamment, ont été victimes d’agressions sexuelles, ou de harcèlements commis par C., une figure connue du militantisme antifasciste. C. était jusqu'à cet été membre d'un groupe antifasciste. Il en a été exclu avant que les faits qui vont être exposés ne soient connus, et pour des motifs différents.

En résumé : C. a commis d'importants dégâts dans les milieux militants et vis à vis de nombreuses militantes. Il entretenait des relations simultanées d'emprises avec des militantes et s'est permis d'agresser plusieurs femmes.

C. passait pour attentif et bienveillant. Il paraissait vraiment pour un gentil timide et n'hésitait pas à exprimer des sentiments forts. Il s'est en outre fait passer aux yeux de ses cibles pour un individu désireux de s’éduquer au féminisme, il mettait les militantes en confiance, les rendant d’autant plus vulnérables, afin de puiser et de profiter de leur énergie et de leur savoir féministe notamment. Un savoir grâce auquel il s’est construit une réputation de pro-féministe et avec lequel il prétendait les soutenir. Cela lui permettait de briller politiquement.

Il s'introduisait dans la vie de ces femmes en leur proposant du soutien politique et moral. Il profitait de l'isolement des militantes, de leur précarité économique, affinitaire afin de se rendre indispensable et d'instaurer une relation d'emprise. Il encerclait et envahissait les femmes dans leurs vies quotidiennes, du matin jusqu'au soir constamment présent par texto ou facebook. Il surveillait leurs déplacements, leurs relations, jalousement.

Si l'emprise de la relation s'installait, il devenait mal-traitant, insultant, il refusait que la relation soit dévoilée et ignorait ses relations en public, devant d'autres personnes, les isolant les unes des autres. Une situation extrêmement humiliante et violente pour les camarades concernées.

Enfin, il utilisait cette relation d'emprise pour obtenir des relations sexuelles. S'il n'obtenait pas ce qu'il voulait, il pouvait être pressant, voire menaçant jusqu'à ce que les victimes craquent. Céder, craquer, obtempérer, "se laisser faire" n'est pas consentir, et avec lui, le non était difficilement envisageable.

 

Femmes en lutte contre le sexisme dans nos mouvements militants !

Malgré son exclusion du milieu antifasciste, C. continue à essayer d'approcher des camarades militantes. Il continue d’être dangereux ce qui justifie une expression publique de notre part, en accord avec nos camarades. C. n'est pas un cas à part dans le milieu militant, beaucoup de camarades militantes et de militants se reconnaîtront dans ces lignes. Le milieu militant n'est pas préservé des violences sexistes. Toutes, autant que nous sommes, en tant que militantes dans un milieu mixte, avons déjà pu expérimenter le machisme et le sexisme : invisibilisation et humiliation, violence psychologique, physique, ou sexuelle.  

Au sein du milieu militant en général, des milieux antifascistes en particulier , la valorisation de codes virilistes peuvent être un prétexte pour minimiser, dévaloriser voire invisibiliser le rôle des femmes, comme si celles- ci ignoraient ce qu'est la violence, alors qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint.

Est-il nécessaire de le rappeler ? Les femmes sont parties prenantes de nos espaces de lutte, de nos milieux militants, dans des organisations mixtes et non-mixtes. Elles prennent part dans tous ses aspects au mouvement militant : elles se renseignent, se battent, luttent, se font réprimer comme les hommes.

Fait paradoxal, dans le même temps où le sexisme est banalisé dans la société, cela va « de soi » de combattre le sexisme  dans nos milieux de luttes. Mais on refuse d'interroger comment ces violences sont reproduites dans les groupes militants. Car on n’échappe pas aux  dominations  racistes, sexistes et  de classe qui traversent la société juste parce qu'on le proclame. Nous sommes toujours influencés par la société que nous combattons et risquons de reproduire ses travers si nous n'y prenons pas garde.

A femmes en lutte 93, nous sommes des féministes de classe, c'est à dire que notre féminisme est populaire, se revendiquant de l'histoire du mouvement ouvrier et de l'immigration notamment. Nous affirmons à ce titre que nous devons combattre au quotidien pour l'égalité. Comme on le fait au travail, dans la rue et l'espace domestique : nos mouvements de luttes sont aussi pour les femmes des espaces de sexisme et de violences. Cela passe donc par la remise en question de nos pratiques militantes mais aussi par le recours pour les femmes à la non-mixité féministe pour se renforcer, faire face à ces violences et les dénoncer. Pour combattre d' « égal à égale ».

 

Femmes militantes, sortons de l'ombre !

Il est de notre responsabilité, en tant qu'association féministe, de prévenir les femmes qui pourraient être encore victimes de C., ou de tout autre agresseur du milieu militant. Nous invitons les femmes dans le milieu militant à prendre la parole, à dénoncer le sexisme quotidien et nous affirmons notre solidarité, notre soutien politique féministe avec toutes les victimes de C. ou de tout autre prédateur passé ou à venir dans le milieu militant.

Les auteurs de violence se protègent souvent en s'attaquant à la réputation des militantes, et notamment de celles qui brisent le silence. Toute tentative de leur part de se défendre, d'établir la vérité engendre de nouvelles accusations : folles, manipulatrices, menteuses… etc. Les violences sont minimisées, par le biais de blagues déplacées notamment. Les militantes décrédibilisées et dévalorisées sont paralysées par la peur et la honte, et sont trop souvent obligées de fuir et d'arrêter leur activité militante. C'est cet engrenage qui  empêche beaucoup de femmes de parler. A travers notre démarche, nous souhaitons leur redonner la parole. Pour que la honte change de camp.

Faisons entendre nos voix pour que la honte change de camp. Faisons entendre nos voix pour se renforcer dans nos combats communs contre l'exploitation, le racisme, le fascisme etc... en créant une réelle unité « d'égale à égal » entre les hommes et les femmes, et pas reléguer les femmes aux rôles de potiches, de proies ou de « repos du guerrier ».

Nous ne souhaitons pas jeter la pierre à une organisation en particulier mais inviter chacun et chacune à réfléchir sur cette violence structurelle qui mine nos milieux.

Nous publions ainsi dans la lignée de la journée contre les violences faites au femmes, ce texte que nous vous invitons à relayer. Nous sommes solidaires des témoignages de femmes victimes qui pourraient émerger. L'objectif est de favoriser la libération de la parole des femmes sur les violences qu'elle vivent et subissent sur le terrain des luttes et la mise en débat des pratiques antisexistes dans le milieu militant.

 

Femmes en lutte 93, le 12 décembre 2015.

La honte doit changer de camp : prenons la parole contre les violences sexistes en milieu militant !
Tag(s) : #Sexisme et violence
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