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Ce dimanche 6 mars, à l'occasion de la journée de la lutte pour les droits des femmes, Femmes en Lutte 93 et le groupe femmes de la Coordination des sans papiers ont défilé et manifesté ensemble.
Notre mot d'ordre: Khlass l'état d'urgence et place à nos urgences!
Cette journée de mobilisation fut une réussite et nous sommes fières de l'énergie déployée et de la façon dont nous avons rassemblé autour de nous: femmes jeunes, moins jeunes, femmes des quartiers populaires, femmes sans papiers, femmes enceintes, femmes avec leur enfants, hommes alliés... un rassemblement inter-générationnel et multiculturel, à notre image. D'autres groupes militants féministes étaient également avec nous en soutien, comme Solidarité Femmes Kôbané ou Mwasi, collectif afroféministe.
La journée a commencé sur notre territoire de lutte, le 93, pour un rassemblement à la place de la basilique de Saint-Denis, puis déambulation à côté du marché. Un groupe d'interventions chantées, Chants rebelles Montreuil nous a accompagnées et a chanté des hymnes féministes dont la fameuse "Bella Ciao", dans sa première version, c'est-à-dire celle des mondines, ces travailleuses italiennes dans les champs de riz, dénonçant leurs conditions de travail. Une façon pour nous de réaffirmer l'identité de notre féminisme, qui est d'abord un féminisme de classe, avec des préoccupations sociales et matérielles, comme la lutte contre la précarité au travail, pour l'accès aux papiers, l'accès aux transports, au logement, à la santé, pour toutes les femmes.
Nous avons aussi déclamé nos tracts rappelant nos urgences sociales, et avons chanté nos propres hymnes, "Nous sommes des femmes, des femmes comme les autres, nous sommes des femmes, des femmes en lutte, et nous nous battons, pour être libre".
Zohra Kraiker, mère de famille subissant un harcèlement policier à Pantin et à l'initiative du Comité de vigilance contre les violences policières à Pantin a également pris la parole afin de témoigner de sa situation et dénoncer les violences policières. On en profite pour rappeler la date importante à venir: le 19 mars prochain, manifestation contre les violences policières.
Beaucoup de passants, rentrant du marché, ou sortant de la messe se sont arrêtés, curieux et ont été interpellés par notre présence. Le féminisme a sa place dans le 93 et porter ces revendications ici est non seulement possible, nécessaire, mais en plus ces revendications sont accueillies avec intérêt.
à noter tout de même les remarques déplacées et islamophobes d'une dyonisienne choquée par la "sur-représentation" des femmes voilées sur notre banderole... ce à quoi nous répondons que nous luttons pour toutes les femmes et que nous respectons l'autonomie de toutes les femmes, dans leurs stratégies diverses, dans leurs identités plurielles, sans les infantiliser ou leur imposer un modèle d'émancipation unique.
C'est ce qui explique qu'après notre manifestation de Saint-Denis, nous avons rejoint le cortège féministe partant de Belleville, à l'initative de l'AG du 8 mars, et en opposition au cortège féministe institutionnel, porté par des organisations qui ne respectent pas l'autonomie des femmes, et veulent imposer une vision unique de l'émancipation.
De Saint-Denis à Belleville, nous avons pris le métro, la fameuse ligne 13, toujours bondée et en retard, puis la ligne 2. Nous avons "ambiancé" le métro, distribué autocollants, chanté nos slogans, hurlé nos hymnes : rires, youyous, joie de notre féminisme sous les yeux curieux et amusés des autres passagers!
Enfin, le cortège dans Paris, où malgré la fatigue de notre première manifestation du matin dans les pattes, nous n'avons pas failli à notre réputation d'ambianceuses: énergie, chants, danse au programme!
Nous nous sommes arrêtées à Arts et Métiers, le parcours étant trop long pour les enfants qui étaient avec nous, pour les femmes enceintes, les femmes moins jeunes. Nous n'avons donc pas assisté à l'arrestation de la militante portant un tee-shirt BDS. Nous affirmons ici notre soutien à la lutte palestinienne, à l'intifada des femmes palestiniennes, et crions haut et fort notre indignation contre cette nouvelle expression de l'arbitraire du pouvoir, qui sous couvert d'état d'urgence et de lutte contre le terrorisme fait taire toutes les luttes et les résistances!
"KHLASS l'état d'urgence!""
En ce jour du 8 mars, nous rappelons aussi que les luttes des femmes, c'est tous les jours et c'est partout dans le monde !
Nous relayons donc l'intervention de Khalida Jarra, femmes palestinienne emprisonnée:
« En ce jour, nous affirmons que nous sommes des prisonnières palestiniennes en lutte, nous sommes dans le mouvement des femmes de Palestine, et la lutte nationale et sociale se poursuivra constamment et continûment jusqu'à ce que nous nous libérions de l'occupation et que nous gagnions notre liberté de femmes de toutes les formes d'injustice, d'oppression, de violence et de discrimination contre les femmes...Nous faisons partie de la lutte mondiale menée avec toutes les combattantes de la liberté dans le monde: contre l'injustice, l'exploitation et l'oppression. »
