Nous étions réunies ce dimanche 1er Octobre à l'occasion de notre premier café Femmes en lutte. Ce nouveau rendez-vous mensuel est un moment où pouvons discuter avec des personnes proches de notre collectif et en profiter pour peindre, jouer, analyser...faire vivre notre militantisme en prenant notre temps.
Nous avons pu présenter notre plateforme qui résume nos positions et qui nous sommes ainsi que notre règlement interne.
Nous avons ensuite abordé l'actualité. Et notamment ce nouvel os que jette l'état en pâture aux féministes. La pénalisation du harcèlement de rue.
Premier constat : Cela ressemble fort à une distraction au moment de l’annonce de mesures anti-populaires par le gouvernement Macron :
- au moment où les moyens baissent pour l'accompagnement des femmes en difficulté
- au moment où les contrats aidés, bien souvent présents dans des secteurs de l'éducation et du social occupés par des femmes les plus précaires, sont supprimés.
- au moment où pour la énième fois, la légalisation de la PMA pour les couples lesbiennes est repoussée voire enterrée.
- au moment où la nouvelle loi travail va aggraver les conditions de travail pénibles et précaires des femmes des quartiers populaires.
Ben voilà. Plus de thunes pour les femmes et pas de "courage politique" pour la PMA. Il fallait bien quelque chose. Et nous y voici. Le harcèlement de rue. Pratique.
Le harcèlement, nous le subissons partout. Et évidemment pas que dans la rue et évidemment pas que dans les quartiers populaires ou par des migrants. Le harcèlement, nous le subissons aussi de la part de flics qui sont censés demain nous protéger. Nous le subissons dans les quartiers huppés parisiens, au travail, dans les collectifs militants. C’est le quotidien pour les femmes.
Nous ne sommes pas dupes. Cette manœuvre politique vise avant tout les hommes racisés des quartiers populaires et notamment les migrants. Belle manœuvre aussi pour justifier les campagnes répressives et d’expulsions des sans-papiers fuyant les guerres impérialistes et le néocolonialisme. Nous ne sommes pas dupes que la manœuvre vise à diviser encore le mouvement féministe en entretenant l'illusion que l'état et son bras armé qu’est la police peut nous protéger du patriarcat qu'il alimente.
Nous savons que le Police, loin de nous défendre, reproduit les pires méthodes sexistes : il n’y a qu’à voir la gestion policière des femmes qui osent porter plainte pour viols. A chaque fois, la victime finit par être traitée en coupable, sa parole niée, sa moralité questionnée. Nous savons que dans les quartiers populaires ou en manifestation, la police pratique les blagues sexistes, le harcèlement sexuel etc ... Nous savons qu’ils ne nous protègent pas.
Nous ne croyons donc pas que la pénalisation du harcèlement de rue va changer les choses pour nous. Nous ne laisserons pas de nouveau instrumentaliser notre féminisme, nos vécus dans la rue, au travail, au foyer pour servir les intérêts impérialistes et racistes de l’Etat et de sa police. Nous savons nous défendre contre toutes les formes de harcèlements de rue, dans tous les quartiers, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
Car oui, le harcèlement de rue existe. Et nous le combattons avec nos méthodes, nos stratégies individuelles et collectives, nos militantismes, notre occupation de l'espace avec nos voix et nos combats. Nous savons que le sexisme existe dans nos collectifs militants, notamment sans-papiers ou des quartiers populaires. Nous n'avons pas attendu l'Etat pour nous défendre et dénoncer les harceleurs et les sexistes où ils se trouvent. Il n'y a qu'à voir le groupe femme de la Coordination des Sans Papiers 93 qui depuis près de 10 ans s'organise pour affirmer leur parole et changer les mentalités.
Pour sortir de l'ombre comme nous sommes tous les jours pour vivre libre à notre façon.
Voici un petit résumé de notre discussion de ce dimanche après midi autour d'un café femmes en lutte 93 !