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Le dimanche 18 mars 2018, au lendemain de la Marche des solidarités à laquelle nous avons participé aux côtés des collectifs de migrantEs et de sans-papiers du 93, 150 sans-papiers et soutiens des Coordinations 93 et 75 de lutte pour les sans-papiers ont occupé la Basilique de Saint-Denis.

 

Nous étions avec eux pour demander :

 

  • le retrait du projet de loi asile-immigration,
  • la régularisation de touTEs les sans-papiers,
  • et l’accueil inconditionnel des migrantEs.

 

Au bout d’une heure d’occupation pacifique de la Basilique, une cinquantaine de policiers nous ont expulsé très violemment de l’église. Il n’y a eu aucune négociation préalable. Les policiers ont matraqué, utilisé des gazs lacrymogènes, et frappé à coups de poings, de pieds et de tazers. Plusieurs sans-papiers ont été blessés. Deux d’entre eux ont du être amené d’urgence à l’hôpital. Le président de la CSP93 a été arrêté et retenu de longues heures au commissariat de Saint-Denis.

 

Cette violence montre la barbarie du gouvernement français, récemment à l’origine du projet ultra-répressif de loi asile/immigration.

 

Les femmes de la CSP93, un camarade sans-papier blessé, et une de nos camarades présentes lors de l’occupation de la Basilique de Saint-Denis témoignent.

 

Le témoignage du Groupe Femmes de la CSP93

C’était une manifestation de paix. On ne voulait pas de la violence créée par les policiers contre les manifestants. C’est injuste. On n’était pas armés. On voulait notre dignité, notre liberté, notre existence.

Nous, les sans-papiers, on galère dans la vie quotidienne. Pourquoi ? Parce que les sans-papiers travaillent au noir. La majorité des sans-papiers, que ce soit des femmes ou des hommes, travaille au noir sans aucune protection. Ils travaillent dans l’ombre. C’est pour cela qu’on a pris tout notre courage pour aller occuper l’église, pour la régularisation de tous les sans-papiers. C’était une manifestation de paix. On ne voulait pas de la violence créée par les policiers contre les manifestants. C’est injuste. On n’était pas armés. On voulait notre dignité, notre liberté, notre existence. On voulait que la France, qui appelle à l’égalité, la liberté et la fraternité, donne de la considération à ces gens qui travaillent au noir. On demande la régularisation des sans-papiers, et c’est pour cela qu’on a été violenté par les policiers ce dimanche-là. Nous, quand on fait cette manifestation, on a cru que la France allait nous soutenir. On a cru qu’elle n’allait pas nous envoyer des policiers pour nous violenter. C’était très chaud. Même le président de la CSP93, Pierre Garrelli, a été arrêté.

 

Combien de temps êtes-vous restés dans la Basilique ?

On est resté une heure, puis les policiers sont arrivés en force. Il y avait des policiers avec des mitraillettes. Ce qui nous a étonné, c’est le fait qu’ils soient armés. On était pacifiques. On n’était pas violents du tout. Ils ont utilisé du gaz lacrymogène, alors qu’il y avait des malades, des asthmatiques. Des camarades ont eu des problèmes oculaires après. Ils nous ont matraqués. On n’a jamais vu ça. Matraquer des personnes qui demandent une régularisation ! Qu’est-ce qu’on a demandé ? On a demandé une régularisation, sous la protection de l’évêque. On était sous sa protection. Il n’y a pas eu de dégradations. D’ailleurs, les responsables de la Basilique étaient très contents du fait que nous étions pacifiques et qu’il n’y ait eu aucune dégradation. C’est la police qui nous a agressé. Ils ont été très violents. Ils nous ont pris au dépourvu.

 

Ils ne vous ont pas demandé de sortir ?

Pas du tout. Ils nous ont agressés. La police est venue en force. Ils étaient 50 policiers. Il ont d’abord bloqué toutes les sorties de la Basilique. Ils nous ont encerclés et ils nous ont poussés.

 

Les policiers nous poussaient et j’ai été écrasée contre la porte de la Basilique. Je suis asthmatique et je ne pouvais plus respirer. Un policier m’a tapé sur le pied. J’ai perdu ma chaussure. Je n’ai pas pu bouger mon pied de toute la nuit.

 

Ils nous ont donné des coups de matraque. Ils tapaient de toute leur force. C’est comme s’ils nous avaient déclaré la guerre. Ils tabassaient de toute leur force. Ils nous écrasaient. Il y a eu une bousculade. Des personnes tombaient et les policiers leur donnaient des coups de pieds. Ils les écrasaient comme s’ils écrasaient des punaises. Des policiers nous ont demandé pourquoi on n’avait pas occupé la mosquée. Je leur ai demandé où était le problème. Nous étions venus sous la protection de l’évêque. C’est des propos racistes. On n’a pas un problème de religion. C’est parce qu’on est des musulmans ? Pourquoi cette expression, « Allez occuper la mosquée » ? C’était pas l’ordre du jour. C’était pas un problème de religion. On était là pour demander notre régularisation, parce que c’est notre droit. On était venu manifester. C’est tout. Pourquoi vous agissez ainsi ? La question est là.

 

On n’est pas contre une religion. On est dans la galère. On est en danger. Ce n’est pas la même chose.

 

Est-ce que ça va vous arrêter ? Vous allez recommencer ou pas à faire des occupation ?

Oui, on va recommencer. La police veut s’approprier la Basilique. On dit non.

 

On luttera jusqu’au bout. On ne va rien lâcher. On ira jusqu’au bout.

Le témoignage d’un sans-papier de la CSP93

Les policiers sont rentrés. Ils ont pris tout le monde en force. Ils ont piétiné les gens. Ils les ont gazés. Moi, ils m’ont gazé dans les yeux. Je n’ai rien pu voir pendant à peu près une heure.

Tu étais à l’occupation de la basilique dimanche. Combien de temps êtes-vous restés sur place ?

On a occupé la basilique pendant à peu près une heure, avec la CSP93 et la CSP75. Moi, je suis en France depuis 10 ans et je ne suis pas encore régularisé. Nous les sans-papiers, on remplit tous les critères. On fait toutes les demandes et on n’a rien. On ne peut pas rester les bras croisés. On fait notre maximum. C’est notre droit, mais ceux qui ont le pouvoir font comme ils veulent.

 

Que s’est-il passé au bout d’une heure d’occupation dimanche ?

On était dans l’église, en train de revendiquer notre problème. Les policiers sont rentrés. Ils ont pris tout le monde en force. Ils ont piétiné les gens. Ils les ont gazés. Moi, ils m’ont gazé dans les yeux. Je n’ai rien pu voir pendant à peu près une heure. Si c’est comme ça que cette loi passe en France… On ne peut pas laisser faire. On va continuer à se battre pour notre régularisation.

 

Dimanche, les policiers t’ont gazé. Ils t’ont aussi mis au sol. Tu ne pouvais plus bouger.

Oui, ils ont utilisé leurs armes sur moi. Comme ils ont des armes, ils font ce qu’ils veulent. Ils nous ont tabassé. Mais ils n’ont pas à utiliser leurs armes sur les sans-papiers.

Le témoignage d’une camarade de FEL93

Il n’y a eu aucune négociation, aucune sommation, rien. Ils sont rentrés et ont commencé à matraquer, à donner des coups. Il y avait des enfants, des personnes âgées. C’était une manifestation pacifique.

L’occupation avait été préparée pour que tout se passe bien. Le dimanche, on était 150 sans-papiers et soutiens à occuper pacifiquement la Basilique. Tout se passait bien. Très vite, on a vu arriver des policiers. Ils ne nous ont pas parlé. Ils nous ont filmé avec leurs téléphones et ils sont partis.

Des camarades sont venus nous voir pour nous dire que Pierre, le président de la CSP93, avait été arrêté. Il était dehors sur les marches de la Basilique. Les policiers l’ont arrêté d’une manière très violente. On a utilisé Twitter pour alerter de la situation. On a commencé à voir arriver le danger d’une évacuation, mais on a continué à chanter tous ensemble les chants des sans-papiers.

Au bout d’une heure d’occupation, des policiers sont rentrés dans la Basilique et ils se sont jetés sur nous. Il n’y a eu aucune négociation, aucune sommation, rien. Ils sont rentrés et ont commencé à matraquer, à donner des coups. Il y avait des enfants, des personnes âgées. C’était une manifestation pacifique.

Dans la bousculade, on a été séparé avec ma camarade. J’ai eu très peur pour elle car elle a un problème à la jambe, et les policiers nous poussaient au sol. Heureusement, elle a pu rester avec les enfants qui étaient terrorisées.

C’était fou comme situation. Personne ne s’opposait à l’évacuation. On disait aux policiers qu’on allait sortir. Ils ne nous parlaient pas. Il nous poussaient, nous menaçaient, nous donnaient des coups. Ils nous ont traité pire que des animaux. Un policier m’a attrapé par le manteau et m’a jeté dans les marches à l’entrée de la Basilique. Ils ont gazé des camarades à bout portant, comme ça, sans raison.

Tout le monde a été très courageux face à cette violence gratuite. On est resté solidaires jusqu’au bout. Les seuls qui ont été violents et indignes ce jour-là, c’est la police.

 

Violences policières : récit de l'occupation de la Basilique
Violences policières : récit de l'occupation de la Basilique
Violences policières : récit de l'occupation de la Basilique
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Violences policières : récit de l'occupation de la Basilique
Violences policières : récit de l'occupation de la Basilique
Violences policières : récit de l'occupation de la Basilique
Tag(s) : #Violences policières, #Femmes et immigration
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