Pointeurs, harceleurs, agresseurs, violeurs :
Hors de nos luttes !
Le 18 mars 2019 dernier, se tenait à la mairie de Saint Denis, une réunion lutter contre les violences faites aux femmes au quotidien[1] ». Les intervenantes rendaient compte des expériences de lutte face aux violences. A la surprise générale, Tarik Ramadan s’installe dans le public. L’islamologue est encore accusé de viols par deux femmes. Les intervenantes et organisateurs se sont prononcés contre la tenue de la réunion en sa présence, mais il a décidé de rester, au nom de la présomption d’innocence et de son intérêt pour le féminisme dé-colonial !
Nous venions pour notre part, participer aux débats, depuis la salle pour partager nos expériences de collectif féministe du 93, ancré sur St Denis depuis près de 8 ans. Sa venue nous a dans un premier temps sidérées, puis nous sommes intervenues avec d’autres associations et d’autres femmes, contre sa présence.
Au-delà de l’affaire Ramadan, l’enjeu est de poser la question : comment gérer la présence d’agresseurs et violeurs dans nos espaces de résistances ?
Buzz et polémiques versus travail
de terrain : arrêtez de parler pour nous !
Quelques jours après la réunion, un déferlement de prises de position ont eu lieu dans la presse, entre experts médiatiques et politiques. Mais peu sont venus entendre la parole des premières concernées : les femmes et féministes dionysiennes, investies dans ces champs depuis des années, présentes à cette réunion.
Femmes en lutte 93 ne cherche ni la lumière ni le buzz mais cherche à faire entendre la parole des femmes exploitées, des quartiers populaires. Nous avons préféré prendre le temps de digérer l’affaire afin de créer une parole collective. Un mois après les faits, nous donnons nos analyses de la situation.
[1] Page de l’Event : https://www.facebook.com/events/2048528095444733/
Bourgeois.e.s, racistes, islamophobes : taisez-vous ! Nous n’avons pas besoin de vous : nous développons nos propres positions et actions politiques face à un homme accusé de violences sexuelles.
Bourgeois.e.s, Racistes, Islamophobes :
taisez-vous !
Nous condamnons l’instrumentalisation raciste de cette histoire qui a fait un buzz qui nous a dépassées. Les bourgeois et bourgeoises racistes se sont servies de cette histoire pour humilier les intervenantes et organisateurs. Ils et elles ont craché leur haine islamophobe, et ce dans un contexte difficile pour les musulmans et antiracistes : les attentats de Christchurch.
Clavreul, raciste notoire, Rossignol qui a bradé les droits des femmes, Schiappa qui a refusé de légaliser l’âge minimum sur le consentement ... les voir devenir les défenseurs de l'antisexisme nous a révoltées. Ils et elles sont prêt.e.s à dénoncer le sexisme quand il vient des hommes des quartiers populaires et/ou de l’immigration. Mais qu’ont-ils fait pour Baupin, DSK, Polanski, Cantat et tous les hommes blancs connus du milieu politique et artistique ?
Bourgeois.e.s, racistes, islamophobes : taisez-vous ! Nous n’avons pas besoin de vous : nous développons nos propres positions et actions politiques face à un homme accusé de violences sexuelles.
Mais qui a trahi « la cause commune » ? Les femmes qui ont osé témoigner pour se protéger et protéger les victimes potentielles ? Ou les hommes qui ont osé harceler, frapper, agresser, humilier, violer des "soeurs" de lutte ? Nous en avons marre de devoir ravaler les violences sexistes et sexuelles pour faire face à cette haine raciste, qui nous touche aussi.
Dénoncer le traitement raciste de l'affaire Ramadan : OUI !
Protéger "Nos" hommes et se taire : NON !
Le traitement médiatique et judiciaire islamophobe que Tarik Ramadan subit nous révolte et doit être condamné. Pour autant, nous en avons marre de nous taire publiquement pour éviter ce racisme. Nous voulons sortir de la logique « laver son linge sale en famille » qui nous opprime tant.
A chaque fois que nous dénonçons un homme de l'immigration et/ou des quartiers populaires, nous sommes prises en étau entre :
- les bourgeois.e.s islamophobes et racistes qui utilisent nos récits pour cracher leur haine des nôtres, de nos quartiers, de nos religions, de notre classe
- et des hommes et certaines femmes de nos quartiers, nos religions, notre classe qui nous reprochent de discréditer nos combats communs, d’être les nouvelles "Ni Putes Ni soumises"
Mais qui a trahi « la cause commune » ? Les femmes qui ont osé témoigner pour se protéger et protéger les victimes potentielles ? Ou les hommes qui ont osé harceler, frapper, agresser, humilier, violer des "soeurs" de lutte ? [1]
Nous en avons marre de devoir ravaler les violences sexistes et sexuelles pour faire face à cette haine raciste, qui nous touche aussi. Les femmes musulmanes subissent l’islamophobie, mais aussi des violences par des hommes, musulmans ou non. Le problème ce n’est pas l’Islam ou les hommes noirs et arabes, le problème c’est la culture du viol[2] et de l’impunité qui font de nous des proies.
[1] A lire absolument, un texte d’une afroféministe Aïchatou O. sur le sujet . C’est un texte fondamental, qui décrypte autour de l’affaire R Kelly, la question de la protection des hommes, au détriment des femmes qui subissent racisme et sexisme. https://afrofeminista.com/2019/01/10/nous-devons-proteger-nos-hommes/?fbclid=IwAR0pbS0UgIN0PRyi1AEBXqvNbVpoFkmB0GkRoBMh0jYf071_1yvTdCRpgFs
Dans le cas Ramadan, il y a aussi le fantasme absolu du « Génie » et de la « Groupie », voire la « Prédatrice » : dans ce cas, les femmes, tellement éblouies par l’intelligence et le pouvoir du génie, chercheraient à gagner ses faveurs sexuelles ou même à le détruire.
Impunité et culture du viol :
la double peine pour les femmes !
Au-delà de Ramadan, la question est d'analyser les raisons qui font que cette personne accusée de viol se sente la légitimité de venir assister à un débat sur ce sujet.
Ce phénomène d'impunité des hommes violents est une constante dans toutes les situations de violences faites aux femmes : avec ou sans plainte, les hommes considèrent toujours légitime leur présence et leurs paroles. Les hommes, même accusés, continuent de harceler, menacer, violenter leurs victimes. Ce sont souvent les femmes qui doivent se cacher ou fuir pour se mettre en sécurité.
Les femmes subissent donc une double peine : en plus de l’acte traumatisant, elles revivent sans cesse l'agression ou le viol, toutes les fois qu'elles doivent se justifier pour se défendre. La charge de honte, de haine, de violences reste sur les femmes qui ont osé parler, porter plainte, divorcer, se défendre ... Les victimes sont transformées en coupables, tandis que les coupables se font passer pour les cibles d’acharnement.
Dans le cas Ramadan, il y a aussi le fantasme absolu du « Génie » et de la « Groupie », voire la « Prédatrice » : dans ce cas, les femmes, tellement éblouies par l’intelligence et le pouvoir du génie, chercheraient à gagner ses faveurs sexuelles ou même à le détruire … Cassons ces clichés destructeurs et dignes des Feux de l’Amour de la femme manipulatrice qui simule son agression et son viol.
Notre position doit être très simple : isolement et exclusion des agresseurs et violeurs, confiance et solidarité aux victimes.
Le problème, c’est donc cette culture du viol qui délivre un permis d’agresser et de violer aux hommes dans cette société. Cette impunité existe dans tous les milieux et se nourrit de la fameuse « présomption d’innocence » !
Nous répondons : tant dans les affaires de violences sexuelles et de crime policier, la présomption d’innocence ne bénéficie qu’à l’agresseur, jamais à la victime.
La présomption d’innocence ne peut etre
instrumentalisée pour protéger l’agresseur !
Un des arguments qu’on nous martèle : Tarik Ramadan est innocent tant qu’il n’est pas coupable. Nous répondons : tant dans les affaires de violences sexuelles et de crime policier, la présomption d’innocence ne bénéficie qu’à l’agresseur, jamais à la victime. S’il est présumé innocent, nous, en tant que féministes, retenons que des femmes l’accusent de violences sexuelles. Ça nous suffit.
On nous renvoie à la justice en oubliant que seules 10 % des plaintes aboutissent. On nous renvoie à la justice en oubliant qu’elle est raciste et sexiste. Comment oublier que l'an dernier, cette justice patriarcale a jugé une enfant de 11 ans capable de donner son consentement ? De plus, à ce jour depuis janvier, 43 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon. Certaines avaient porté plainte contre leurs agresseurs, rien n’a changé et elles ont été assassinées. Le nombre de dépôt de plaintes de viols augmente quand le nombre de condamnation chute de 40% depuis 10 ans. Et il faut savoir qu' une femme doit souvent faire 2 à 3 commissariats pour que sa plainte soit prise en compte.
Dans ces conditions, nous renvoyer à la Justice et la Police, n’est pas crédible ! D’autant moins lorsque ça vient de militant.e.s qui se battent contre les violences structurelles et de l’Etat.
C’est justement ce manque de protocole clair sur l’exclusion, qui a fait que Ramadan a gagné : le débat n’a pas pu se tenir dans de bonnes conditions. En colère de la situation, c’est ainsi que 10 femmes quittaient la réunion et que d'autres restaient.
Qui est responsable de l’échec de cette réunion ?
Sans appel : Tarik Ramadan et son système de soutien. Ramadan se fait passer pour une victime d’acharnement. Il a un système de soutien international et juridique important, grâce auquel il se sent légitime à venir assister à un débat féministe, quitte à ce que des femmes sortent de la salle.
Nous avons apprécié le communiqué de la mairie le lendemain des faits[1]. Mais les condamnations orales ne nous suffisent plus : on veut des actes politiques. Il était de la responsabilité des représentants de la mairie et même des intervenantes, de ne pas laisser sa venue perturber les discussions, et ce, en lui demandant fermement de partir ou en refusant de participer aux échanges tant qu'il était là. . C’est ce que nous avons demandé fermement depuis la salle.
De plus, il nous a été insupportable d’entendre pendant cette vague médiatique que les « vraies » féministes seraient celles qui n’ont pas quitté la salle, pour ne pas le laisser « gagner ». C’est justement ce manque de protocole clair sur l’exclusion, qui a fait que Ramadan a gagné : le débat n’a pas pu se tenir dans de bonnes conditions. En colère de la situation, c’est ainsi que 10 femmes quittaient la réunion et que d'autres restaient.
Entendons-nous bien : nous ne condamnons aucune des femmes qui ont réagi comme elles ont pu. Il est déjà pénible de discuter de nos violences en mixité, il est d’autant plus impossible de le faire en présence d’un homme mis en examen pour viol. Cependant, nous demander de faire preuve de discrétion, de l’ignorer, pour ne pas lui donner la satisfaction d’annuler l’évènement, minimise la dimension traumatisante pour les femmes de la présence d’un violeur comme témoin de leur prise de parole.
[1] [1] Communiqué de la mairie du 19 avril 2019 http://ville-saint-denis.fr/communique/tariq-ramadan-ses-provocations-ignobles-doivent-s%E2%80%99arr%C3%AAter
Nous saluons le courage des femmes qui ont brisé le silence. Nous les croyons et leur apportons toute notre solidarité, sans conditions. Malgré cela, il n’existe aucune pratique de gestion militante des agresseurs. La charge de cette gestion revient aux victimes elles-mêmes, et elles n’obtiennent jamais Justice.
Pas de compromis : exclusion des espaces !
Au-delà de cette soirée, c'est la question de la présence des agresseurs dans les rangs des organisations et associations militantes qui est posée[1].
De nombreux exemples sont maintenant publics de comportements sexistes violents dans des organisations politiques[2] : militants des quartiers populaires et contre les violences policières[3], de la protection animale[4], bar militant[5], militants antifascistes[6], de l’UNEF[7], JC[8], CNT[9], CGA[10], CGT[11], Jolie Môme[12], France Insoumise[13] …
Nous saluons le courage des femmes qui ont brisé le silence. Nous les croyons et leur apportons toute notre solidarité, sans conditions.
Malgré cela, il n’existe aucune pratique de gestion militante des agresseurs. La charge de cette gestion revient aux victimes elles-mêmes, et elles n’obtiennent jamais Justice. La dénonciation publique arrive systématiquement après un échec de la prise en charge de l’agression en interne. C’est toujours les femmes agressées qui quittent les organisations, pour se mettre en sécurité. C’est à elles de prouver leurs agressions, c’est elles qui sont humiliées, rabaissées, exclues.
Cette situation est révoltante. Nous invitons les organisations à développer une réelle pratique féministe de protection des victimes, et d’exclusion des agresseurs. De nombreux groupes féministes ont travaillé ces questions[14]. Il est temps de sortir des positions de principes antisexistes. Il est temps de faire évoluer la société et nos organisations, dans la direction d’un authentique respect des droits des femmes.
[1] Texte de FEL de 2015 : sur un militant antifasciste connu et la question des violences en milieu militant http://femmesenlutte93.over-blog.com/2015/12/la-honte-doit-changer-de-camp-prenons-la-parole-contre-les-violences-sexistes-en-milieu-militant.html
[2] Tumblr de témoignages de violences en milieu militant : https://www.facebook.com/salutcamaradesexiste/
[3] Texte de M, militante de Femmes en lutte 93, qui témoigne de son agression par S, militant connu de l’immigration et des quartiers populaires, figure de la lutte contre les violences policières : http://femmesenlutte93.over-blog.com/2018/05/soutien-aux-victimes-de-violences-sexistes-dans-les-milieux-militants.html
[4] Page animée par des militantes « Balance ton Pourri » : https://www.facebook.com/pg/BalanceTonPourri/posts/?ref=page_internal
[5] https://distromapache.wordpress.com/2016/04/17/militante-feministe-de-montpellier-etranglee-et-frappee-par-un-militant-du-barricade/
[6] Lire et suivre cette page de militantes antifascistes : https://www.facebook.com/SectionVeuvesNoires/
[7] UNEF : https://www.liberation.fr/france/2018/02/19/abus-sexuels-les-temoignages-qui-accablent-l-unef_1630845
[8] JC et PCF : https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/01/violences-sexuelles-au-sein-des-jeunesses-communistes-le-parti-communiste-reagit_5430132_3224.html
[9] Foued, militant CNT : https://blogs.mediapart.fr/edition/informations-et-solidarites-feministes/article/180318/stop-limpunite-et-aux-violences-sexistes-en-milieu-militant
[10] Victor Collet, militant anarchiste : https://www.facebook.com/pg/FRAP-Front-Antipatriarcal-Cga-Rp-123135401734196/posts/
[11] CGT MeToo : Groupe facebook https://www.facebook.com/groups/1915315625181712/
Médiapart :
[12] Dénonciation des pratiques au sein de la compagnie Jolie Môme : https://nantes.indymedia.org/articles/44918
[13] Lettre des militantes France Insoumise https://lemediapresse.fr/societe/lettre-ouverte-contre-les-violences-sexistes-et-sexuelles-a-lensemble-de-la-france-insoumise/
[14] Les ourses à plume, webzine féministe : Décryptage des stratégies de défense des agresseurs https://lesoursesaplumes.info/2017/02/23/strategies-de-defense-des-agresseurs-sexuels-en-milieu-militant-et-comment-les-combattre-partie-13-definitions-et-formation/
Nous faisons aussi des évènements mixtes. A chaque fois, un Service d’Ordre veille à la sécurité des femmes, notamment face aux agressions sexistes ou la présence d’agresseurs, violeurs, harceleurs connus. C’est un protocole de base à mettre en place. Il demande de l'énergie et du courage.
Nos quartiers ne sont pas
des déserts féministes !
Femmes en Lutte 93 est un collectif féministe non mixte. Fortes de 8 ans de travail féministe de terrain dans le 93, nous avons développé deux outils : la non mixité, et la mise en place d’ espaces sécurisés en mixité.
Nous défendons la non mixité, surtout quand il s’agit de partager notre vécu de femmes et d’organiser nos luttes[1]. Le 25 novembre 2018, nous avons organisé une réunion non mixte sur le thème des violences sociales et sexistes, 50 femmes se sont retrouvées pour cet évènement. En non mixité, en sécurité pour témoigner et s’organiser.
Nous faisons aussi des évènements mixtes. A chaque fois, un Service d’Ordre veille à la sécurité des femmes, notamment face aux agressions sexistes ou la présence d’agresseurs, violeurs, harceleurs connus. C’est un protocole de base à mettre en place. Il demande de l'énergie et du courage : à notre soirée du 9 mars sur St Denis, plusieurs hommes ont été exclus du lieu de la fête. C’est donc possible de le faire, à condition d'adopter un protocole de gestion clair et sans compromis.
Militantes de toutes les organisations : protégeons-nous nous-mêmes, arrêtons les sacrifices au nom de l’intérêt supérieur de nos luttes. Décrétons au contraire l’intérêt primordial de notre sécurité et du droit de militer en paix. La dignité et la justice : c’est pour tout le monde ou pour personne.
Femmes, militantes, survivantes :
brisons le silence !
la peur doit changer de camp !
Tarik Ramadan et les autres ont perdu droit de cité dans nos luttes et dans nos espaces militants. La loi du silence ne peut plus durer , le silence ne nous protège jamais. Nous sommes légitimes pour condamner et dénoncer publiquement Tarik Ramadan et tous les autres agresseurs militants, qu'ils soient blancs ou issus de l'immigration et des quartiers populaires. Militantes de toutes les organisations : protégeons-nous nous-mêmes, arrêtons les sacrifices au nom de l’intérêt supérieur de nos luttes. Décrétons au contraire l’intérêt primordial de notre sécurité et du droit de militer en paix. La dignité et la justice : c’est pour tout le monde ou pour personne.
La prochaine fois, organisons-nous entre femmes et empêchons que des débats se tiennent en présence d'agresseurs, violeurs, présumés innocents, malades, toxicomanes, victimes du colonialisme, du racisme etc ... ou autres excuses que nous entendons à chaque fois que nous dénonçons un agresseur ... Eradiquons les stars du militantisme qui ont un permis de violer et d'agresser. En toute impunité.
Les boys Club[1], militants ou non, c’est fini. La place des femmes est dans la lutte[2] !
[1] Podcast sur le Boys Club et la ligue du LOL : https://www.binge.audio/ligue-du-lol-la-force-du-boys-club-2/
[2] La place des femmes est dans la lutte : prise de position claire de Femmes en lutte 93 sur les agresseurs en milieu militant lors d’une AG Gilets Jaunes, à l’appel du Comité La Vérité Adama, de l’Intergare, de la Plateforme d’Enquêtes Militantes, de l’AFA-PB et du CLAQ