Dans un contexte de grève massive contre la casse des retraites, nous publions un communiqué antisexiste pour rappeler que les femmes exploitées, sans-papiers, des quartiers, sont à l'avant-garde des luttes et appeler à une grande remise en question de notre camp sur les propos sexistes, LGBT+phobes etc. utilisés dans la lutte par les mecs.
Ne venez pas nous dire que ce ne sont que des mots. Qui fait le travail ingrat et invisible des mobilisations ? Qui garde les enfants pendant les manifs et les blocages ? Qui galère à prendre la parole en AG ? Etc. Etc. Y en a marre de se faire insulter, d'être reléguer à l'arrière d'une lutte dont on est les 1ères concernées. Il est grand temps de progresser.
Faire de la pédagogie dans notre camp ouvrier et prolétaire, c'est notre rôle et pas celui de la direction de la RATP (qui menace de sanctions des grévistes accusés de propos homophobes). Notre soutien va à nos camarades grévistes de la RATP. C'est notre solidarité de classe qui nous permettra de construire ensemble une lutte émancipatrice pour tout notre camp !
FEMMES ET LGBT+
EN 1ère LIGNE
PAS DERRIÈRE EUX !
Les féministes sont en 1ère ligne
de la lutte contre les retraites !
A Femmes en lutte 93, nous sommes engagées dans la lutte contre la réforme des retraites depuis le 05 décembre : présentes aux grandes journées de mobilisation, en grève dans nos secteurs, dans les actions locales sur Saint Denis et aux blocages des dépôts de bus de la RATP.
Nous rappelons que les femmes sont les plus touchées par les injustices des retraites, d'abord car elles sont les plus touchées par les temps partiels et par la précarité. 80% des travailleurs pauvres sont des travailleuses, des femmes, souvent sans-papières, dont la précarité économique est renforcée par les autres oppressions : racisme, politiques anti-migratoires, violences policières, paies de misère, exploitation domestique, violences sexuelles, LGBTQIphobies. La réforme proposée ne corrige pas le fait que les femmes ont en moyenne des retraites de 42% inférieures à celles des hommes.
Féministes, nous sommes organisées, en autonomie ou au sein d’orgas, et prenons donc pleinement part à la lutte contre cette réforme des retraites dont les femmes sont les grandes perdantes. N’oublions pas aussi que sont massivement représentés lors des manifestations des métiers du « care » (soin), largement investis par les femmes : santé, social, éducation nationale.
Y en a marre de se faire insulter en manif !
La participation des féministes, des femmes, des LGBTQI+ à la lutte n'est pas une nouveauté, nous avons toujours été là, et nous avons toujours eu à nous confronter aux différents types d'oppressions y compris au sein des mobilisations et dans nos propres camps militants. Mais aujourd’hui, Y EN A MARRE, KHLASS.
Voici pourquoi :
Dans le cadre de la lutte actuelle que ce soit à travers les slogans, les pancartes, le choix des insultes envers la police, ou la présence de militants notoirement sexistes, nous devons encaisser misogynie, stigmatisation des prostitué-es/travailleuses/eurs du sexe, homophobie.. !
Premier constat : La grande majorité des insultes utilisées le sont au féminin, surtout quand il s'agit de se montrer le plus méprisant possible. Si on suit cette logique, le féminin c'est dégradant : conne c'est pire que con, salope pire que salaud, etc. Le féminin, en rajouterait une couche dans l'insulte, surtout si on s'adresse à un ou des hommes. Logique similaire avec l'insulte homophobe et sexiste en tête du top 5 des insultes les plus entendues : « enculé ». Toujours l’imaginaire viriliste, sexiste et homophobe où la pénétration, notamment anale, est synonyme de dégradation... La stigmatisation des femmes, des LGBTQI+, des travailleuses/eurs du sexe/prostitué-es et de nos sexualités, qu'elles soient réelles ou fantasmées, bat son plein. Y’en a marre.
Deuxième constat : pour certains camarades que nous fréquentons dans les actions et manifestations, la lutte sociale reste visiblement un truc de mecs, une bataille qui se joue aussi sur le terrain de la virilité. La preuve avec ce slogan chanté aux flics place de la Nation : « Flic, suicide-toi, on s'occupera de ta fille, on prendra soin de ta femme ! » Petit rappel, camarades : les femmes et les filles ne sont pas une prise de guerre, un butin qu'on se partage une fois l'ennemi, un autre homme forcément, vaincu. Y’en a marre.
Ras le bol de ce paternalisme et de cette condescendance, ras le bol de la remise en cause de l'autonomie des femmes, ras le bol des menaces sexuelles plus ou moins explicites ! Ras le bol de tout ça qui a aussi pour effet de nous remettre à une place contre laquelle nous luttons : en marge des luttes, à attendre que les choses sérieuses soient gérées par les hommes, hétéros et cisgenres.
Ce rappel à l'ordre patriarcal, c'est plus possible. Directement ou indirectement, nous n'avons pas à nous faire insulter en permanence dans cette lutte.
Notre camp doit progresser :
les ouvrières sont à l'avant-garde de la grève
Nous rappelons que ce sont les femmes ouvrières et des quartiers qui, hier et aujourd'hui, ont constitué l'avant-garde des luttes. Ouvrières, les femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles, continuent depuis six mois une lutte exemplaire contre la sous-traitance et la surexploitation, contre les agressions sexuelles et contre le projet de réforme des retraites. Avant-garde de la grève, leur 05 Décembre, c’était le 17 Juillet 2019 !
Une remise en cause est nécessaire dans notre camp, le camp de la lutte pour la justice sociale ! Et si nous l’exigeons aujourd’hui de nos camarades, nous ne sommes pas dupes des tentatives d’instrumentalisation de la lutte contre l’homophobie et du sexisme par le patronat.
Nous exprimons ici notre soutien avec les camarades grévistes de la RATP passibles de sanctions pour avoir proféré des insultes homophobes: ce n’est pas le patronat qui nous divisera et notre solidarité de classe doit nous permettre de construire ensemble une lutte sociale émancipatrice pour tou-t-es!
A l’État, au patronat, aux gardiens de l’ordre social qui nous opprime, nous répondons: ne nous libérez pas, nous nous en chargeons!
Femmes et LGBTQI+ des quartiers populaires, avec FEL93 organisons nous, faisons entendre sur le pavé des luttes notre dignité, notre fierté !
LA RÉVOLUTION SERA FÉMINISTE
OU NE SERA PAS