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Coronavirus, Crise sanitaire, répression :
APPEL AUX TEMOIGNAGES DES
FEMMES DES QUARTIERS POPULAIRES !
En cette terrible période de pandémie, plus que jamais on garde notre ligne : la parole aux femmes exploitées, sans papiers, des quartiers populaires !
Nous invitons les femmes à nous raconter leur quotidien, au travail et/ou confiné.es.
Nous publions aujourd'hui le témoignage de Maryam, 30 ans, éducatrice spécialisée, forcée à venir travailler par sa hiérarchie, au détriment de sa santé et de celle de ses proches.
"Mais je suis en train de me rapprocher des syndicats car une collègue m’a transmis le fait qu’il y a des cas de rupture de période d’essai en cette période de coronavirus."
J’ai appris qu’il y a avait une pandémie il y a quelques mois au infos, mais à l’époque les médias ne paraissaient pas trop inquiet car cela ne touchait pas la France. Je travaille en pédopsychiatrie, dans un hôpital de jour qui accueille des enfants psychotiques et autistes. Au début, on nous a dit qu’on n'accueillerait pas les enfants mais qu’on doit venir au travail pour être en équipe (paradoxe). Finalement, j’ai été prévenue dimanche soir qu’il ne fallait pas venir au travail lundi. Et qu’on allait s’organiser à distance. Pour l’instant la priorité a été de garder le lien avec les familles et les enfants.
La première semaine, ça a été ça. Je suis en CDI mais je suis là depuis peu, donc je ne ne suis pas encore référente d’enfants. Mais j’ai eu au téléphone régulièrement ma direction et mes collègues. Récemment, la chef m’a contactée pour être mobilisée sur la base sur volontariat sur d’autres structures de l’association qui restent ouvertes. Elle a proposé à ma collègue en CDD (arrivée juste avant moi) et à moi même. C’était une mission de « gardiennage » d’enfants dans un centre pour familles à l’autre bout de Paris, cela voulait dire 1h de transport aller et retour. J’ai exprimé le fait que je n’étais pas à l’aise à l’idée de prendre ce risque, d’aller aussi loin. J’ai aussi rajouter que ma colocataire avait des antécédents de problèmes respiratoires et qu’elle était considérée comme une personne à risque. J’ai été surprise qu’elle me fasse culpabiliser, sous couvert de « solidarité avec les collègues » alors que je suis moi même en poste et en solidarité avec mes collègues directs pour l’accompagnement des enfants. Etant en CDI j’ai dit que j’avais comme priorité à coeur de m’investir dans le travail éducatif avec les enfants de là où je travaille. J’avais pas pris conscience que, étant encore en période d’essai, cela pouvait jouer sur ma place dans la structure. Mais je suis en train de me rapprocher des syndicats car une collègue m’a transmis le fait qu’il y a des cas de rupture de période d’essai en cette période de coronavirus. (Art SUD que je transmet bientôt).
"La direction est prête à faire courir le risque à ces employés de prendre les transports, d’être au contact d’enfants et de familles sans se poser la question du risque, des mesures à prendre, de la question du confinement. Tout ce qu’ils veulent c’est de la rentabilité."
Ma collègue en CDD et moi même sommes les plus précaires dans l’asso, ce n’est pas surprenant que ce n’est qu’à nous deux que la direction a proposé ce type de volontariat presque « forcé ». J’ai été choqué de la manière dont ma chef dédramatisait la situation actuelle: « il n’y a que pour les personnes vulnérables que le confinement total doit être respecté etc ».
J’habite à Saint Denis, dans le centre ville. La vie de mon quartier a un peu changé, il y a moins de monde, mais il y a et il y aura toujours des gens qui circuleront. Parce que il y a des femmes qui font le ménage, parce qu’il y a des ouvriers qui travaillent, parce que y a des gens qui galèrent et qui essayent de survivre.
