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Collecte solidaire pour Nour, cofondatrice de Femmes en lutte 93.
Aidons Nour à prendre soin de sa santé morale avec des séances de psychothérapie et d'art thérapie. " Après tout ce qu'on a donné de nous-même au travail, on ne peut plus compter que sur no...
« Après tout ce qu’on a donné de nous-même au travail, on ne peut plus compter que sur nous-même une fois cassée. Pour le système, on ne sert plus à rien si on n’est plus productif, avant même la retraite. Il faut que ça cesse : nous aussi, on a le droit à la santé, le droit au repos, et tout simplement le droit de vivre ».
Nour est une des fondatrices de Femmes en lutte 93. Nour a galéré toute sa vie entre les boulots précaires, l’exploitation, la rue, les squats et les logements insalubres, les violences domestiques et le racisme. Tout ça en élevant son enfant seul. Elle est aujourd’hui agent d’entretien polyvalent.
Nour, c'est une vie de résistances et de combats. Mais derrière cette image de la guerrière, c'est surtout un corps et un esprit en souffrance, des cicatrices, de l'épuisement, des douleurs chroniques.
« On est vu comme des guerrières. J’en suis fière. Heureusement qu’on est des guerrières pour supporter tout ça. Mais du coup on nous voit comme invincible, on nous en demande beaucoup. Mais qui s’occupe de nous ? Qui pense à nous ? Quand on tombe, qui nous relève ? ».
La crise du COVID de l'an dernier a été traumatisante pour elle : elle a été opéré à l’épaule d'une maladie professionnelle le 2 mars. Elle a été abandonnée sans soins de suite, sans suivi de rééducation à domicile pendant le confinement. En plus de cette souffrance et de l'isolement dû au COVID, Nour a perdu son neveu du COVID, n'a pas pu aller voir sa famille et assister aux obsèques.
« Pendant le confinement, j’ai voulu alerter France Inter qui faisait un appel à témoin. Je voulais témoigner sur la situation des femmes des quartiers populaires. Je les ai harcelés pendant des jours, sans aucune réponse. En vrai, il ne donnait la parole qu’aux bobos dans leurs maisons de campagne. Nos histoires ne sont pas intéressantes pour eux ».
La solidarité avait heureusement pallié cet abandon de l'Etat pendant le premier confinement : grâce à nos appels sur nos réseaux et le live réalisé par le Collectif Féministe Révolutionnaire, nous avions réussi à trouver un kiné en pleine crise sanitaire. « C’est grâce à cette solidarité que je suis encore là aujourd’hui, que j’ai réussi à continuer à vivre ».
Suite à cette absence de soins post opératoire, son problème à l’épaule s’est aggravé : elle a dû refaire une opération de l’épaule, trois infiltrations. Aujourd'hui, elle est encore en rééducation. A un an de la retraite, son corps est cassé. Chaque semaine, de nouveaux soucis de santé se révèlent. La prise en charge médicale ne se concentre que sur son corps et ses symptômes, mais rien n’est fait pour accompagner sa souffrance morale.
« Je suis en colère contre ce gouvernement, qui ne cesse de blablater dans les médias sur les personnes isolées, soit disant prioritaires. C’est faux, c’est un mensonge. Toutes mes demandes pour avoir une aide à domicile sont restées lettres mortes ».
Là aujourd'hui, nous sommes révoltées avec elle : après 40 ans de travail, ce n'est pas normal de devoir faire un crédit pour s'acheter un matelas, pour reposer son corps cassé. Ce n'est pas normal que les soins psychiques soient payants et hors de prix. Personne ne devrait choisir entre payer à crédit un matelas de qualité, pour reposer son corps cassé et des soins pour sa santé morale.
Sa situation n'est pas isolée, c'est celle des femmes ouvrières des quartiers populaires, qui arrivent à la retraite tellement épuisées, qu'elles n'en profitent pas. La crise sanitaire et sociale a montré que les femmes des quartiers populaires sont non seulement les premières de corvées, mais elles sont le visage de la précarité et de l'exploitation.
L'argent servira à aider Nour à se payer des séances de psychothérapie et d'art thérapie. Nour a toujours voulu sublimer ses souffrances à travers l’art (danse, chant, théâtre) en utilisant ses photos, ses papiers administratifs, ses radios.
« Je ne suis pas la seule femme à souffrir, je ne veux pas personnaliser mon cas. Je veux que mon histoire serve à venir en aide à d’autres femmes précaires comme moi. Je veux raconter toutes nos souffrances, car la plupart du temps, on disparaît avant que nos histoires ne soient racontées. Mais nos vies comptent, nos corps comptent, nos têtes comptent ».
Nour ne demande pas la charité. Elle veut créer de la solidarité politique. Mais surtout, elle appelle à un réveil des forces militantes sur cette réalité, avec de vraies campagnes de mobilisations pour les femmes des quartiers populaires.
La situation financière de beaucoup est atteinte avec le Covid. Mais il n'y a pas de petites sommes. Vous pouvez soutenir aussi en relayant massivement l'appel à collecte dans vos réseaux.
Illustrations "Selfcare" de la féministe Paru Ramesh