Compte rendu de la manifestation du 8 mars et projets futurs

Nous voulions commencer ce 8 mars, chez nous, dans le 93. Les copines de Solidaires nous ont rejoint sur cette initiative pour populariser la grève des femmes ! Deux banderoles ont occupé la place, nous étions nombreux et nombreuses pour ce réveil féministe de St Denis !

A la diffusion de notre tract devant Carrefour, des réactions contrastées: plusieurs personnes, hommes et femmes, s'étonnent qu'une mobilisation pour les droits des femmes se fasse encore en France: l'égalité, ici on l'a! Mais les chiffres sur l'écart des salaires et des pensions font réagir autrement; et puis un gars déclare "aucune femme ne fait un travail dur comme le mien, plombier", à quoi une de nos copines répond "moi je suis dans la mécanique, on peut en parler", ce qui lui cloue le bec.

Une autre femme se renseigne sur les raisons des 2 manifs à Paris, et l'évocation de l'expulsion d'une femme de la CSP93 du cortège 8 mars parisien sous prétexte " qu'une femme aliénée n'a rien à faire ici. Et de notre clash avec le Collectif National des Droits des Femmes l'amène à réagir: «  votre réaction est la bonne bien sûr, dommage que Femmes en lutte n'existe qu'au niveau départemental! »

Des hommes et des femmes nous rejoignent et nous partons devant la mairie en chantant nos slogans et notre combat ! Des femmes de tout âge se joignent à nous !

Cette première partie de notre 8 mars est à l’image de ce que nous voulions : multiculturel, festive et radicale ! Une petite manifestation dans le 93, pour rendre populaire notre féminisme ! Nous sommes nombreux et nombreuses, nous chantons, dansons, faisons des discours sur la situation des femmes en France et dans le monde; une minuté de silance est faite pour les femmes victimes de violences ! A la fin, un slogan est lancé dans l'assemblée : "Femmes violentées, femmes assassinées, on oublie pas, on pardonne pas".

Beaucoup de femmes et d'hommes nous ont rejoints à ce moment-là et c'est avec fierté que nous avons dirigé notre cortège jusque dans l'Est parisien. Dans le métro, ça était l’occasion aussi de chanter et discuter avec les hommes et femmes dans les rames et de distribuer nos autocollants !

De St-Denis à Belleville et jusque Pigalle, les femmes exploitées, sans papiers et des quartiers  sont sorties de l'ombre !

A Belleville, nous avons chanté les vies de lutte des sans-papiers et demandé des papiers pour tous. Parce que : "qu'est-ce qu'on veut ? Des papiers ! Pour qui ? Pour tous ! "

A Colonel Fabien, nous avons crié notre féminisme de classe et revendiqué notre liberté : "ni capitalisme, ni patriarcat, mon corps, mes droits, mes choix !"

A Jaurès, nous avons exprimé notre solidarité avec les femmes espagnoles et toutes celles, y compris en France qui revendiquent un avortement libre, gratuit et facilité : "Aborto libre, si si si" !

A Stalingrad, nous avons revendiqué qui nous sommes, des féministe en alerte contre le patriarcat et ses alliées qui se disent nous représenter : "alerta alerta alerta feminista" !

A La chapelle, parce que notre féminisme est internationaliste et anti-sioniste, nous avons crié "Vive la lutte des femmes palestiniennes" !

A Barbès, c'est la lutte des femmes d'ici et dans le monde qui nous animé parce que : Françaises ou immigrées, avec ou sans papiers, la lutte des femmes est internationale !

C'est avec force que nous nous sommes accroupies en criant « j'y suis, j'y reste, je ne partirai pas ! » C'est avec fierté que nous avons chanté « je décide, je résiste, je ne me tairai pas ! »

A Pigalle, nous avons chanté notre hymne: « Sexisme, capitalisme, le mépris c'est fini, maintenant, place à Femmes en lutte » ! Nous avons lu une déclaration reprenant notre conception du 8 mars et du féminisme.

François Hollande et Najat Vallaud-Belkacem ont célébré le 8 mars en déjeunant avec des femmes cheffes d'entreprise. C'est une honte d'instrumentaliser ainsi  la journée internationale de lutte des femmes créé par Clara Zetkin, militante communiste. Le gouvernement promeut ici, comme il l'a toujours fait, une vision opportuniste de l'émancipation des femmes qui s'inscrit dans l'ultra-libéralisme des gouvernements successifs. Ils sont à des années lumières de nos vies et notre journée du 8 mars vécue en combat et solidarité. Nous ne voulons pas nous émanciper dans le but d'exploiter les autres.

Nous revendiquons un féminisme radicalement anticapitaliste, multiculturel et internationaliste, non-excluant, anti-raciste et anti-homophobe.

Ce sont les rues des quartiers populaires qui nous ont porté ce 8 mars, 

et ont porté notre féminisme, bien loin de leurs salons.

Nous repartons combatives, pleines de luttes et d'espoir et nous vous donnons rendez-vous :

→  Lundi 17 mars 19h30, au local d'Act up Paris : réunion de bilan du 8 mars

→ Mercredi 19 mars à 19h au foyer CARA, mairie de St Ouen : réunion de Femme en luttes 93.

→ Samedi 22 mars, manifestation antiraciste et antifasciste, 14h, République

→ Dimanche 6 avril à 14 h à la bourse du travail de Saint-Denis, réunion sur « Le féminisme de classe et populaire, c’est quoi ? » à partir de la vidéo retraçant ce 8 mars exceptionnel !

→ En Juin : présentation du livre de Ghislaine  Thormos « Le salaire d'une vie » en présence de l'auteure, ouvrière à PSA Aulnay qui témoignera de son expérience de femme ouvrière.

Préparer avec nous les autres manifestations à venir

jusqu'au 8 mars 2015

où nous serons encore plus nombreuses et nombreux !